Hervé Hague présente son spectacle "Objets inanimés, avez-vous donc une âme? " au théâtre Darius Milhaud jusqu'au 1er décembre. C'est une plongée stupéfiante dans un univers qui décrit notre monde, sous l'angle d'un personnage dépassé par ses obsessions, entre Jacques Tati et Stanley Kubrick. Retour sur un comédien au parcours atypique.
Ancien énarque, Hervé Hague a démissionné de la fonction publique par passion du cinéma et du théâtre. Ce sujet l'a taraudé depuis longtemps et il en a créé un spectacle. Il ne s'agit pas seulement d'une névrose ou d'une psychose ; l’examen de la réalité prouve que la vie matérielle est très asservissante et qu'elle prend une place complètement disproportionnée.
Tout le monde se sentira concerné par l'intrusion des objets dans nos vies et leurs pouvoirs de nuisance. À partir de cette observation du quotidien, il nous entraîne dans une réflexion vertigineuse, se projetant dans un avenir proche qui nous est déjà familier avec l'apparition de l'intelligence artificielle. Il y a donc le présent, le futur, l'infini et au-delà.
Hervé Hague est parti de l'observation de ce que tout le monde vit, sans chercher à rivaliser avec les professionnels de la farce. Il a su trouver un style suffisamment léger pour qu’un spectacle sur un tel sujet ne soit pas ennuyeux.
Une nouvelle collaboration avec Christine Soldevila, à la mise en scène, connue pour son exigence dans les qualités techniques de l'acteur et dans l'intensité des émotions. Avec elle, pas d’à peu près, il faut que tout soit précis ; on doit comprendre où elle veut emmener l'acteur avant de s'abandonner.
À l'intérieur de sa direction, il faut faire des propositions et trouver sa propre liberté. Cela passe par un travail personnel de préparation intense. La mise en scène ne se limite pas à la direction d'acteur, elle a une vision claire sur ses trouvailles scénographiques où la vidéo tient une place à part entière, et la musicalité des mots fait écho à la bande-son qu'elle a concoctée sur mesure.
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" est un texte qui peut faire réfléchir, mais c'est surtout un divertissement accessible à tous.
Hervé Hague a suivi une formation théâtre / cinéma avec Christine Soldevila et Christophe Mené. Il a abordé en parallèle la scène et la caméra, ce qui est préconisé dans l'ebook : Face à la caméra ou la vérité de l’instant. Comme beaucoup de comédiens, il a démarré le cinéma par des courts-métrages afin d'apprendre sur le terrain. Il l'a toujours vécu comme une aventure collective où l'acteur n'est qu'un maillon de la chaîne.
Il a eu la chance de participer à des tournages importants, comme Les petits meurtres d'Agatha Christie : le dernier épisode de la première saison qui s'appelait : Le couteau sur la nuque. Avec Marius Colucci, le fils de Coluche, Antoine Duléry, et Maruschka Detmers. Il s'est donc investi pleinement pour acquérir l'expérience d'un acteur complet, capable de passer du réalisme de la caméra à un seul en scène où il brûle les planches.
Dans son spectacle, Hervé Hague parle autant de notre vie sous l'emprise de la dictature des objets, que de physique quantique, de composition de l’univers, de disparition de l’antimatière, et du mouvement des atomes. Tout cela montre que « les objets ont une âme, puisque toutes leurs composantes sont animées dans un univers où tout est mouvement ».
Et non seulement les objets ont une âme, mais c’est une âme mauvaise, et il le prouve : « Tout objet qui acquiert une once d’autonomie devient potentiellement nuisible. » Leur nature mauvaise apparaît clairement : autodestruction, défi permanent à la loi de la pesanteur, déplacements inattendus, dissimulations, complots ; tout concourt à démontrer la nature maléfique des objets.
Ennemis de nos pensées, de nos rêveries, de nos sentiments, ne sont-ils pas, bien que nous les ayons créés, antinomiques avec la nature humaine ?
Pour le spectateur, le voyage est assuré ; après ce spectacle à l'humour décapant, il est difficile ensuite de regarder le monde qui nous entoure comme avant.
Tous les vendredis à 19h15, au théâtre Darius Milhaud 75019 Paris, jusqu'au 1er décembre.
Comentários